de mieux en mieux...le tableau du samedi parait dimanche soir et c e n'est pas un tableau mais des tapisseries!!!!!
Un jour de 1937,Jean Lurçat, peintre,né dans les vOsges en 1892,découvre à Angers la tapisserie monumentale de l'Apocalypse et il en est bouleversé à jamais.
Certes il a déjà,pendant la 1° guerre,demandé à sa mère de traduire en canevas une de ses peintures, le résultat l'a déçu et il a abandonné cette voie;puis en 33, il a commis une superbe tapisserie...mais là,devant l'Apocalypse, c'est une sorte de révélation....
En 1956,il commence à penser à une série de tapisserie qui est le reflet de sa vision de l'Apocalypse, pendant de la grande fresque médiévale vue à Angers....
(au passage, il n'y a eu que des chefs d'oeuvres, cette année là...n'est ce pas, Lady Marianne? et Ecureuil Bleu???? oui, oui, des chefs d'oeuvres vous dis je ,en cette année 56!!!!)
Il dit;
Une œuvre semblable, amorcée tard et donc talonnée par la vieillesse, c'est en quelque sorte la table des matières d'une existence. Est-il besoin de dire que certaines cicatrices, certaines expériences personnelles (les unes éprouvantes, échevelées, d'autres tragiques), certains conseils d'amis chers m'ont incité à entreprendre ce long travail.
Tout s'y mêle, s'y entrecroise, tout y est tissé, tressé dans cette longue aventure. Ne vous étonnez donc pas d'y trouver du fiel et du miel. Ce n'est pas un lamento, moins encore une romance. Mais terminée, cette œuvre dont l'avenir dira si elle fut valable ou inutile, n'aura pas posé sur la vie un regard oblique ou funèbre.
Bien au contraire !
Le premier titre de ce «Chant du Monde» c'était «la joie de vivre». Je n'ai pas tardé à me convaincre que la vie, pour qui tente de vivre droit, c'est chose sucrée et salée, douce et amère, convulsive et sereine.
QU'EST CE QUE LA TAPISSERIE ?
"Eh bien, c'est un tissu, ni plus ni moins qu'un tissu, mais c'est un tissu rugueux et cependant onctueux. Coloré, mais limité dans ses nuances. Souple, mais par chance d'une souplesse moins féline que la soie et le linon ; lourd et lourd, c'est bien là le mot qui me satisfait pleinement, lourd de toute cette laine, de toute cette toison nouée sur elle-même, de tous ces fils tassés par le peigne de fer et soudés à la chaîne par des entrelacs et des noeuds savants. Et si ce tissu est vraiment beau, c'est qu'il est lourd, enfin et surtout, de signification. Il y a toujours quelque chose de pesant dans la somptuosité et dans une certaine richesse de pensée". Jean LURÇAT.
Pendant 9 ans il va donc s'exercer à traduire avec ses visions personnelles d'un homme qui a vécu deux guerres mondiales et les abominations nucléaires de Nagasaki et Hiroshima,la grande fresque de la destruction et du renouveau dans la conscience et l'harmonie, ainsi se définit l'Apocalypse selon l'évangile de St Jean....Son oeuvre totalise une longueur de 80mX 4,40 m de haut;c'est jusqu'à présent la plus monumentale tapisserie contemporaine....
La destruction du monde est symbolisée par les 4° tapisseries;la grande menace (le danger nucléaire),l'Homme d'Hiroshima,le grand charnier et la fin de tout....Les autres peu à peu nous préparent au renouveau
Moi je vous montre la plus grande qui fait 13m de long et est rayonnante de sérénité,"l'Homme en gloire dans la paix" où l'homme et la nature re-pacifiée ne font plus qu'un dans l'harmonie
Ma préférée est celle ci:"Champagne".C'est un tableau d'une grande allégresse, très aérien, avec plein de détails extrêmement mobiles et lumineux;on a du mal à imaginer que c'est de la tapisserie vu la profusion de détails très fins
citation d e présentation du site des musées d'Angers
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Jean Lurçat
1959
4,40 x 7,02 m
Atelier Tabard, Aubusson
Sixième tapisserie du Chant du monde (1957-1966)
La composition de Champagne s’organise en diagonale. L’artiste a voulu ainsi exprimer le mouvement, l’impulsion, la joie de vivre. A gauche, une cuve de champagne, en bois, est enserrée dans une vigne aux vigoureuses racines ; auréolée de rayons bleus, elle laisse échapper des jets de bulles blanches, bleues et rouges, auxquelles se mêlent une multitude de papillons colorés. Posée au sol, une cornemuse suggère que la musique contribue à la fête.
En retombant sur le sol, le breuvage fertilise la terre et donne vie à une végétation luxuriante d’iris aux feuillages bleus. Plus haut, un papillon bleu se détache par sa taille imposante. C’est lors d’un voyage au Brésil, en 1954, que Jean Lurçat a découvert des papillons qui l’ont impressionné.
« Ce qui m’intéresse dans le papillon, ce n’est pas la réalité de cet insecte, c’est l’invention extraordinaire que constituent l’entrelacs des formes, le pétillement des coloris […]. J’ai besoin de ces formes et de ces lignes inattendues, dégagées. De cet éclatement, de ce mouvement. »
En bas à droite, un crâne humain, à peine discernable, est posé à l’envers. Des plantes ont pris racine et s’épanouissent à travers les orbites : peut-être une allusion aux vanités, ces tableaux réalistes très prisés aux 17e et 18e siècles dont les crânes, les sabliers, les fleurs fanées, rappelaient le caractère éphémère de la vie et invitaient à la tempérance.
Mais Jean Lurçat, en reléguant ce crâne en périphérie de la composition et en le retournant, semble inverser le concept.
Il donne à la vie toute sa vigueur et sa force tout en confirmant son espoir en l’homme.
« Champagne. C’est le jaillissement. Le vin n’est rien, rien qu’un liquide pervers si le cœur n’en est pas le vase. » Jean Lurçat
un autre article plus tard pour parler de techniques....