j'attendais à Montparnasse...
La gare est sympa....
mais l'attente longue...
et je savais que je n'aurais rien à lire de Paris à Nantes ni même le soir à la maison
j'ai acheté un livre dont j'avais entendu parler....
Les premières phrases résonnent
"mon père est mort parce qu'il buvait trop.6 ans auparavant, ma mère était morte parce qu'elle buvait trop.Il fut un temps où moi même je buvais trop.Les chiens ne font pas des chats"
Cette écriture, claire, concise, presque médicale, parfois laisse voir des brêches, mais jamais ne tremblote tout à fait,même si le sanglot est ravalé...
c'est le style du récit jusqu'à la page 196 d'un livre qui en compte 50 de plus....
jusqu'à cette page 196, l'auteur nous décrit ses parents à présent décédés,beaux comme des acteurs, très épris l'un de l'autre, vivant une vie magnifique , dans une société où ils sont reconnus et invités à chaque fête....
les hommes fument et boivent, les femmes paradent et boivent...on mange des pâtes quand on se retrouve entre soi,mais madame a des tenues superbes et ses fêtes sont des réussites....
Et ils représentent LE couple modèle....
certes il lui arrive incidemment de dire le dégoût qu'ils lui inspirent mais surtout l'amour immense et sans issue qu'il leur porte jusqu'au bout....
Mais sous le vernis la crasse....(c'est une expression de ma mère à moi)
on apprendra peu à peu le manque total d'argent ,les disputes terribles,l'alcoolisme,la peur du qu'en dira t on dans cette société huppée de la Virginie des années 1960....
.un pourrissement d e l'intérieur...
la maison se délabre comme la vie de cette famille....
mais le style de l'auteur reste infiniment correct alors même qu'il nous fait part de rapports si tristes avec ses parents, oui, il reste correct car il FAUT paraitre correct, c'est le PARAITRE qui importe....
La façade....
Le style, la façade.....
avant que çà ne se déchire et le broie à jamais!
Page 196, le chapitre est titré "il avait des mains ravissantes" et nous comprenons l'horrible non dit...
l'auteur nous parle de ses ravages, et comment il lui parait qu'il ne s'en sortira jamais....
et c'est d'une violence totale, une violence profonde, abyssale,sans fond, si douloureuse qu'elle me marque à jamais, ce livre est sûrement le livre le plus violent que j'aie jamais lu, alors même que la forme en est presque linéaire au moins jusqu'à la page 196....
Si des mots avaient été prononcés, si la parole de l'enfant avait été prise en compte,cette douleur inconsolable n'éxisterait pas, cet homme ne serait pas à jamais inexistant à lui même et aux autres....
les faits existeraient à jamais mais ce n'est pas la victime qui vivrait en coupable....
"« Cette histoire, je la raconte car je tente de croire, car je crois de tout mon cœur, que toujours demeure l'écho obstiné d'une chanson. "
S'il vous plait lisez le et parlez m'en....
Il s'agit de FEROCES de Robert Goolrick,moins de 8 euros dans toutes
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